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Source : Guide des Flandres et Artois mystérieux - Les guides noirs - Club princesse, 1976
Les Romains au fond de l'eau L'ancienneté, le caractère sacré des eaux et boues de Saint Amand semblent aujourd'hui attestés. Des fouilles menées en 1649 mirent au jour, à l'emplacement de la source, quantité de pièces de bois et de statues presque colossales, la plupart si défigurées par suite de leur long séjour dans l'eau qu'il était impossible d'en reconnaître les traits. On en distingua, cependant, qui étaient armées de casques et de lances; d'autres avaient les cheveux négligés et un manteau traînant; l'une tenait en main un grand anneau et un enfant près d'elle tenait un écusson uni à la romaine. Brassart (1698), Mignot (1700) et Brisseau (1699-1700) ajoutent que l'on tira de la fontaine plus de deux cents de ces statues, dont la hauteur était de douze ou treize pieds, et qu'elles étaient proprement rangées par différents lits entremêlés de planches. Ils assurent qu'on y a aussi trouvé, ainsi que dans les boues et terres remuées, des médailles des empereurs Jules César, Auguste, Vespasien, Trajan, Néron (...). " La tradition orale du pays et les auteurs cités me paraissent établir avec assez d'authenticité les preuves de la fréquentation des sources par les Romains (...). Non loin de là, se trouvait l'autel avec l'idole de Mercure que saint Amand détruisit et où il établit son premier oratoire (1) " 1. Sébastien Bottin, cité par van Gennep. Folklore de la Flandre et du Hainaut français, t. II, pp. 450-451.
Amand, l'ascète aquitain Saint Amand est l'un des saints les plus populaires du sud du département du Nord. Il naquit en Aquitaine à la fin du VIe siècle. Après une sérieuse formation ascétique commencée à l'île d'Yeu, puis à Tours, et quinze ans de vie de reclus à Bourges, il fit, vers 620, le pèlerinage de Rome. C'est auprès de la tombe de saint Pierre qu'il trouva sa vocation d'évangélisateur. Amand parcourut le nord de la Gaule comme évêque régionnaire. Il occupa aussi quelque temps le siège de Maestricht. Ce missionnaire infatigable fut également un grand fondateur de monastères. Celui qu'il fit construire à Emone, sur les bords de la Scarpe, et oh il mourut le 6 février 675 ou 676 devait plus tard porter son nom.
Carillons et carillonneurs La tour de l'ancienne abbaye sert de cadre à un petit musée aux richesses insolites le musée d'art campanaire. Saint-Amand est un des hauts lieux de cet art. L'abbaye possédait des cloches à une époque bien reculée. D'après un poème de Gislebert, moine d'Elnone, mort à l'abbaye en 1095, dix-sept cloches ont été perdues dans l'incendie de 1066, et, plus tard, d'après Jean Froissart, dans un récit du siège de 1340, " de moult et bonnes et harmonieuses cloches" y furent brisées. Le premier bourdon de l'abbaye date de 1540. Ce n'est qu'en 1510 quapparurent dans les Flandres les premiers claviers manuels. Au XVe siècle, on chante Le Carillois de Vendôme. L'ère des grands carillons et des grands carillonneurs s'étend du XVIe au XVIIIe siècle. A la veille de la Révolution, plusieurs villes possédaient des carillons : Cambrai, six; Lille, huit; Valenciennes, onze. Pendant la Révolution, les cloches furent transformées : leur bronze fit des monnaies ou des canons. Saint-Amand parvint à sauver son carillon neuf et à garder ses traditions campanaires. Actuellement, l'abbaye et le musée comptent environ une centaine de cloches. L'ancien carillon, fondu en 1784, comprend trente-huit cloches aux armes de l'abbaye et de dom Henri Donné, le dernier grand prieur. Amanda, le gros bourdon, fondu en 1639, est haut d'un mètre cinquante-sept et pèse quatre mille six cent cinquante kilogrammes. Symbolisant une légende de saint Amand, le dragon est l'une des nombreuses et diverses sculptures de cette imposante tour, monument surprenant par sa masse et son style baroque, " ouvrage digne de la plus savante et de la plus superbe antiquité", comme le dit une lettre de Pélisson à Mlle de Scudéry.
La scie et le porc Sur une maison, au 10 de la rue d'Orchies, se remarque un curieux bas-relief colorié, daté de 1736, représentant deux singes habillés, mari et femme, en train de scier un porc. Linscription qu'on y lit, " Soyons d'accord s, est un jeu de mots : soyer, en patois, signifie scier.
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